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Togo: abandonné, voici le parcours impressionnant d’un Docteur malvoyant

Il est la toute première personne vivant en situation de handicap de la vue à faire un doctorat en droit public au Togo, en Afrique noire francophone et à l’Ecole doctorale Pierre Couvrat de l’Université de Poitiers en France. 24 mai 2016-24 mai 2020, cela fait exactement 4 ans, jour pour jour, que Dr MADOU Yaovi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, consultant en Droit Public et Spécialiste des Questions de la Fonction Présidentielle a soutenu avec brio sa thèse de doctorat de 654 pages. Cette thèse a été rédigée en 2 ans 5 mois 27 jours et porte sur « La démocratie et la fonction présidentielle en Afrique noire francophone : les cas du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Togo ».

Mais chose curieuse, depuis qu’il est rentré à Lomé sur invitation des autorités après sa thèse, il est totalement laissé sur le carreau. Pour quelles raisons? Il nous serait difficile de le dire. Toutes les portes auxquelles, il a frappé, depuis ce temps, sont toujours restées inaccessibles. En clair depuis 4 ans, malgré son diplôme et sa situation de handicap visuel qui ne lui a cependant pas empêché de faire un parcours sans faute, Madou Yaovi est au CHOMAGE. Et pourtant, il est marié et père de famille. En 2017, lassé de cette situation compliquée et indescriptible qu’il vit, il a essayé de repartir « pour se rendre utile ailleurs, précisément en Europe » mais là aussi, la voie lui a été barrée. Malgré qu’il fût en règle, l’accès au visa, lui a été refusé. Imaginez un seul instant, les difficultés financières qu’il traverse depuis 4 ans et beaucoup plus avec l’apparition de la pandémie du Coronavirus.

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Quelle est cette ou ces mains noires qui bloqueraient le bien-être de Madou Yaovi ? Rien ne peut expliquer ceci si ce n’est de la pure méchanceté humaine. Est-ce à dire que le chômage, dans notre pays a atteint son paroxysme au point où il soit difficile pour un docteur en droit de trouver de l’emploi au Togo ? Est ce que le fait pour un jeune Togolais de revenir dans son pays et de vouloir se mettre à sa disposition, en vue de participer à sa construction est un crime?

Le 24 mai 2016 à la Faculté de Droit et des Sciences sociales de l’Université de Poitiers en France, plus précisément dans la salle Hardoin, devant un parterre de jury composé de Jean GICQUEL, Professeur émérite de droit public à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, président ; de Dominique Breillat, Professeur émérite de droit public, doyen honoraire à la faculté de droit de l’Université de Poitiers, membre ; de Fabrice Hourquebie, Professeur des universités, directeur de l’école doctorale de l’Université de Bordeaux, premier rapporteur ; d’Alain Ondoua, Professeur des Universités, Université de Poitiers, directeur de thèse ; de Dodzi Komla Kokoroko, président de lUniversité de Lomé, deuxième rapporteur et d’Adama Kpodar, vice-président de l’Université de Kara, codirecteur de thèse, MADOU Yaovi, consultant en Droit Public et Spécialiste des Questions de la Fonction Présidentielle a soutenu avec brio sa thèse de doctorat portant sur « La démocratie et la fonction présidentielle en Afrique noire francophone : les cas du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Togo ». Il s’en est sorti avec la mention très honorable et est devenu, de ce fait, la toute première personne vivant en situation de handicap de la vue à faire un doctorat en droit public au Togo, en Afrique noire francophone et à l’Ecole doctorale Pierre Couvrat de ladite Université. Ceci a été possible grâce à l’appui de la fondation d’entreprise Banque Populaire, au Campus France et surtout à l’appui personnel de son Excellence, Faure Essozimna GNASSINGBE, président de la République du Togo.

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Retour sur parcours sans faute


Né le 12 avril 1981 à Lomé de père et de mère togolais, Dr MADOU Yaovi, baptisé Aimé-Sylvestre à l’Eglise Catholique devient mystérieusement personne vivant en situation de handicap de la vue en 1987 et abandonna les études. Il passa malgré lui plusieurs années à la maison, pour ne les reprendre qu’en 1991 à partir du Cours Préparatoire Première année (CP1) au Centre des Aveugles de Kpalimé, après sept années de gâchis. De l’année scolaire académique suivante, année paralysée par la grève générale illimitée du 16 novembre 1992 au Togo, jusqu’en 1998 année où il obtint son CEPD (Certificat d’Etude du Premier Degré), il était resté à l’Institut Kekelineva des Aveugles de Togo-ville pour les études du cours primaire. Avec l’aide de l’association Gruppo San Francesco d’Assisi de l’Italie, il a pu faire : de 1998 à 2002 ses études de collège chez les Frères Lassaliens des écoles chrétiennes à Togo-ville : Collège Notre Dame du Lac Togo (NDL), où il a obtenu son Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC) ; de 2002 à 2005, il a pu continuer chez les Frères des écoles chrétiennes à Togo-ville au Collège Saint Augustin (CSA), les cours du Lycée, où il obtint son BAC II Série A4. De 2005 à 2009, il a pu intégrer la Faculté de droit de l’Université de Lomé et décrocher sa maitrise en droit public avec mention Assez-bien. De l’année académique universitaire 2009-2010 à celle de 2011-2012, Il décrocha son Diplôme d’Étude Approfondies (DEA) en droit public fondamental avec mention Assez-Bien. Dr Madou Yaovi a donc fait un parcours sans faute. Ce que même ceux qui jouissent de toutes leurs facultés ont souvent des difficultés à réaliser.

Par ailleurs, de 1998 à 2005, Dr MADOU Yaovi a suivi des cours de musique classique de piano genre des conservatoires sanctionnés par une attestation de formation. En plus du piano, il joue aussi d’autres instruments de musique à l’instar de l’accordéon, de la guitare basse, de la flûte, de la batterie, de la trompette. Il est aussi compositeur, arrangeur et maître de chœur. Plus encore, du 16 avril 2012 au 16 octobre 2012, Dr MADOU Yaovi a été formé dans plusieurs domaines : rédaction de projet, rédaction de rapport d’activité, élaboration de termes de référence (TDR), organisation d’atelier de formation, etc… au sein de l’Ong Association pour la santé de la mère du nouveau-né et de l’enfant (ASMENE), lors de son passage dans cette structure en tant que volontaire national occupant le poste d’assistant juridique.

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Ce parcours brillant qu’effectue Dr MADOU Yaovi montre qu’il est une personne hors pair dotée d’énormes qualités exceptionnelles que le Togo devrait brandir comme un trophée et s’enorgueillir. Il est une icône de la nation togolaise qui, de part son parcours malgré son handicap, fait aujourd’hui sa fierté dans tout le monde entier et reste un modèle prototype d’inspiration de la jeunesse. Ce qui n’est pas le cas malheureusement. Raison pour laquelle d’ailleurs, nous exhortons les plus hautes autorités de l’Afrique et de tout le monde entier, à commencer par les présidents des Républiques, surtout celui de Faure Gnassingbé à tourner leur regard vers cet esprit hors pair de l’Afrique noire francophone afin qu’il puisse être profitable à l’humanité toute entière. Pensez-vous qu’il serait encore au chômage, malgré tout ce bagage, s’il était de nationalité française ou allemande ? Sans doute, non. Alors, veillez agir !

Et pourtant il n’est pas resté bras croisés !

Depuis l’obtention de son diplôme de doctorat et son retour au pays, il a multiplié les actions pour tenter de trouver un emploi. Après plusieurs recherches sans issue, Dr MADOU Yaovi a décidé d’adresser un courrier au PAPA de tous les togolais qui n’est autre que son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, chef de l’État togolais. Les 9 juin 2016, 1er août 2016, 8 novembre 2016, 8 février 2017, 20 avril 2017, 14 août 2017, 12 février 2018, 1er juin 2018, 29 juillet 2019, 12 septembre 2019, 21 novembre 2019 sont les différentes dates auxquelles il a adressé différents courriers au Chef de l’Etat togolais. Soit au total 11 courriers qui sont restés sans réponse. Est-ce une volonté manifeste de certaines personnes de l’entourage du chef de l’Etat de ne pas transmettre le courrier à qui de droit ? Difficile de répondre à cette question sans se tromper.

Il a également sollicité l’aide de plusieurs autorités notamment le président d’une haute institution de la République, plusieurs ministres du gouvernement mais aucune solution n’a été trouvée.

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Néanmoins, Dr MADOU Yaovi a été contacté le dimanche 18 novembre 2018 par Mr KOBA Koffi, le directeur du service des ressources humaines de l’université de Lomé, de la part du président de l’université de Lomé, Mr KOKOROKO Komla Dodzi, pour une rencontre d’urgence le jour suivant. Rencontre à laquelle il a été et Mr KOBA Koffi lui a fait savoir que Mr KOKOROKO Komla Dodzi l’a chargé de lui proposer le poste du chargé de la politique des handicapés à l’Université de Lomé. Lequel poste, en l’occupant, il pourrait, s’il le désire lui-même, intervenir dans toutes les écoles de son choix se trouvant sur le campus universitaire pour faire des travaux dirigés (TD). Il lui a, selon nos informations marqué son accord sous réserve qu’on lui donne des informations sur le diplôme avec lequel on voudrait le recruter, le cahier de charge et le traitement. Puis Mr KOBA Koffi lui a répondu que très vite, il lui reviendra. Le processus de recrutement étant enclenché le 17 janvier 2019, Dr MADOU Yaovi soumissionne sa candidature le 22 janvier 2019 et passe à l’audition le 28 mars 2019, puis on lui fait savoir qu’il peut être appeler pour commencer le service le lendemain, à la rentrée, ou dans six mois qui suivront, au plus tard. Et que l’Université se réserve le pouvoir discrétionnaire de cette date. Il devait donc rester à l’écoute. Au finish, c’est un ministre du gouvernement actuel qui le recevra le 2 août 2019 et l’informera de sa rencontre avec Mr KOKOROKO Komla Dodzi au sujet du dossier. Ce ministre lui a fait savoir que Kokoroko, président de l’Université de Lomé lui a dit qu’il ne voulait pas le recruter. Pour quelle raison et au nom de quoi ? Nous ne saurions le dire.

Plus tard, Dr MADOU Yaovi était allé voir le président d’un grand parti politique afin qu’il plaide pour son dossier. Ce dernier ayant pris le dossier à bras le corps s’est entretenu le mercredi 6 novembre 2019 avec Mr KOKOROKO Komla Dodzi au téléphone au sujet du dossier. Le président Kokoroko a promis au président du parti politique en question de régler l’affaire dans deux semaines, c’est-à-dire au plus grand tard le 22 novembre 2019, mais jusqu’à ce jour silence radio. Nous aimerons, par cette publication, interpeller encore une fois, le président de l’Université de Lomé à débloquer cette situation afin que Dr Madou Yaovi dont il a fait parti du jury de la soutenance, puisse se rendre utile en renforçant le corps professoral de l’Université de Lomé. Faure Gnassingbé, le PAPA de tous les togolais devra aussi se saisir de cette affaire afin que cet intellectuel qui a décidé de participer à la construction du pays ne puisse pas croupir dans la misère et surtout désapprendre. Autrement sa situation dissuaderait tout intellectuel togolais à vouloir revenir dans son pays. Et de ce fait, elle encouragerait la fuite de nos cerveaux vers l’occident. Loin d’être un SOS, cet article a plutôt un caractère républicain et interpelle le bon sens de tout un chacun de nous, humain et sensible après tout.

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  • […] Par ailleurs, de 1998 à 2005, Dr MADOU Yaovi a suivi des cours de musique classique de piano genre des conservatoires sanctionnés par une attestation de formation. En plus du piano, il joue aussi d’autres instruments de musique à l’instar de l’accordéon, de la guitare basse, de la flûte, de la batterie, de la trompette. Il est aussi compositeur, arrangeur et maître de chœur. Plus encore, du 16 avril 2012 au 16 octobre 2012, Dr MADOU Yaovi a été formé dans plusieurs domaines : rédaction de projet, rédaction de rapport d’activité, élaboration de termes de référence (TDR), organisation d’atelier de formation, etc… au sein de l’Ong Association pour la santé de la mère du nouveau-né et de l’enfant (ASMENE), lors de son passage dans cette structure en tant que volontaire national occupant le poste d’assistant juridique. (…)Lire l’article sur Nishamag.com […]

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