« Revanchard », « Déphasé », … les qualificatifs n’ont pas manqué dans l’entourage du président Faure Gnassingbé pour décrire l’archevêque émérite de Lomé Mgr Philippe Fanoko Kpodzro.
Acteur majeur de l’élection présidentielle 2020 au Togo, le prélat a ouvertement déclaré la « guerre » à Faure Gnassingbé en promettant d’être son « cauchemar ».
Mais qui est donc ce religieux de 90 ans qui peine à tenir sur ses trois jambes (sa canne comprise) et qui veut donner de l’insomnie au pouvoir de Lomé ? Nisha a fouillé !
Troisième né d’une fratrie de six enfants et fils d’un ancien catéchiste « allemand », la trajectoire religieuse de Philippe Kpodzro n’a étonné personne dans son entourage.
Depuis le petit séminaire de Ouidah (Bénin) en 1945 aux études de Lettres à Fribourg (Suisse) en passant par sa double Licence en Philosophie et Théologie à Rome, le jeune Philippe a toujours fait preuve d’un engagement à tout épreuve pour la justice et l’équité à en croire ses proches.
C’est donc tout naturellement qu’à son retour au bercail, cet adepte de la musique classique accepte porter « le lourd fardeau » de la présidence de la Conférence nationale souveraine alors que plusieurs aînés avaient refusé la tâche.
« Les évêques m’ont choisi pour les représenter après que mes aînés aient décliné la mission pour des raisons diverses. J’étais assez réticent mais j’ai accepté la responsabilité parce qu’il s’agissait avant tout de réconcilier le peuple togolais », confie-t-il en juillet 2016 à Jeune Afrique sur cette terrible expérience.
Terrible, parce que l’enthousiasme du prélat va vite laisser place à la peur, aux intimidations et pressions de tout genre. Le moment le plus difficile de cette période, confiera Mgr Kpodzro, c’est sa séquestration par des éléments de l’armée du 22 au 23 octobre 1992 alors qu’il était président du Haut Conseil de la République (HCR). Cet organe tenant lieu de Parlement transitoire avait pour mission de rédiger la Constitution de la IV République au Togo.
« J’ai dit dès le départ à ceux qui m’ont élu [Président du HCR] qu’ils trouveront en moi un évêque, pas un politicien. (…) J’ai mené ma mission jusqu’au bout », a-t-il indiqué à Jeune Afrique.
Resté quasiment en marge de la scène politique togolaise après cet évènement, Mgr Kpodzro a repris son bâton de pèlerin avec sa « dynamique Mgr Kpodzro » et reste convaincu qu’il verra l’alternance au Togo avant de quitter ce monde.
« Allez dire à Faure Gnassigbé que (…) comme une colle forte, je me collerai à ses fesses, (…) je serai son cauchemar », a-t-il lancé en début de semaine à l’endroit du président sortant Faure Gnassingbé qu’il accuse d’avoir « voler la victoire du peuple » à la présidentielle du 22 février dernier. Réussira-t-il cette dernière mission ? Wait and see !
Fabienne Amegan
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